Albert LONDRES
Albert Londres né à Vichy en 1884. enfant, il dévore entre autres Hugo et Baudelaire, il rêve de voyages et d’aventures.
Après des études au Lycée de Moulins, direction… Lyon en 1901. Il entre comme comptable à la Compagnie Asturienne des Mines. L’évasion dans la poésie ou le théatre ne le calme pas, le virus du voyage est là, Il s’ennuie et décide de partir pour…Paris en 1903.
Sa fille, Florise, née en 1904.
Modeste correspondant parisien du Salut Public de Lyon, il entre deux ans plus tard au Matin. Là, il couvre…les couloirs de la Chambre des Députés, rédige des papiers qu’il ne signe pas.
La grande chance de sa vie arrive enfin, le 1er Aout 1914, la guerre est déclarée.
Londres a 30 ans, il est réformé, Le Matin l’affecte au Ministère de la Guerre, puis enfin au front.
Dorénavant, il signe ses reportages, et explose littéralement. Ses papiers font sensations, son style détonne, le dialogue réel ou imaginaire au service du récit et de l’information, un grand reporter est né.
Londres veut quitter le front en France pour celui des Balkans. Pour lui c’est là que cela se passe. Sa rédaction refuse, on lui reproche "d’avoir fait entrer la littérature dans le journal".
En 1915, le voilà pour Le Petit Journal, le plus lu des quotidiens français, pouilleux parmi les pouilleux sur tous les fronts avec l’armée d’Orient.
Il rentre en France pour couvrir la fin du conflit, mais ses relations avec l’Armée sont tendues. La censure militaire le taxe d’insubordination et d’insolence, bref, d’être un bon journaliste.
Sur la route...
En 1919, il parcourt l’Espagne puis l’Italie. il met en évidence les bouleversements qu’apportent deux courants idéologiques qui agitent les esprits en Europe, le Bolchevisme et le Nationalisme.
Au Proche-Orient, Liban, Syrie, Egypte, il traite du problème de la domination franco-britannique.
En 1920 c’est la toute jeune Union Soviétique qu’il accroche à son tableau de chasse, sans complaisances, fidèle à lui-même il enquête et raconte ce qu’il voit, entend. Il en revient profondément affecté.
1922, l’Asie, l’Inde, le Japon, la Chine, l’Indochine.
En Inde avec Nehru, Gandhi, il se fait l’écho du vent de rébellion qui souffle sur ce vaste pays encore sous domination britannique.
En Chine, dans un Empire en déliquescence, il signe de magnifiques papiers dans un style qui n’est pas sans rappeler celui d’un autre immense auteur : Hugo Pratt.
Durant ses pérégrinations Londres n’oublie pas le temps de la flânerie, du touriste professionnel, un temps essentiel que les rédactions tous médias confondues ont depuis longtemps oublié.
C’est au Japon, lors de l’une de ces "pauses", qu’il écrit :
La célèbre valise en peau de cochon.
" Un horizon nouveau s'entrouvrait à mes yeux. Le voile de mon ignorance se déchirait. Enfin, je voyais clair. Jusqu'ici, je m'étais cru d'une nationalité indiscutable. Non ! j'étais l'échappé d'une contrée douteuse, l'inconnu de sang et de peau, porteur de maléfices. Mes gestes ne pouvaient avoir d'autres mobiles que la brutalité. Que, dans une foule, je m'autorise un mouvement timide, que je tire une cigarette de ma poche, et mes effarouchées petites voisines à pince de homard (elles ont des chaussettes à deux compartiments, l'un pour le pouce, l'autre pour les quatre doigts qui restent) subitement se garent. Pourquoi, mes maîtres, m'avoir jusqu'ici abusé sur ma race ? J'étais le Sénégalais. "

Extrait de Les Japonais ne connaissent pas du tout les Européens. Les Européens ne connaissent pas davantage les Japonais, Excelsior, 25 mars 1922.
Londres en Algérie - 1924
En 1923, ses reportages sont publiés sous forme de recueil chez Albin Michel dans une collection dirigée par son ami, grand reporter lui aussi, Henri Béraud.
Commence alors pour Londres, une véritable croisade journalistique, que seul un immense talent et une foi énorme dans son métier pouvait lui permettre d’entreprendre : Les problèmes français.
Cayenne et son bagne, où il fustige un système carcéral aussi inhumain, qu’inefficace. Un reportage qui secoue l’opinion publique, en vain.
Suivent, les bagnes militaires d’Algérie, les tares de la psychiatrie à la française, les proxénètes de Pigalle, la traite des blanches en Argentine, les forçats du Tour de France, Londres déroule en surmultiplié.
Puis en 1928, Londres part en Afrique, suite à la parution de Voyage au Congo d’André Gide. Effaré par ce qu’il y voit, lui qui n’est pas anticolonialiste, s’insurge contre la situation des populations indigènes en particulier au Congo durant la construction de la ligne de chemin de fer Congo-Océan. ( lire Recueil Terre d’Ebène)

En 1929, il part sur les traces du "Juif errant" dans les ghettos d’Europe de l’Est puis à la rencontre du sionisme en Palestine. Ses conclusions sont étonnement toujours d’actualités.
En 1932 il part en Chine pour Le Journal, Les japonais envahissent le pays, Londres suit les évènements puis s’embarque pour la France sur le Georges-Philippar. A bord, il se confie à un couple, "c’est de la dynamite" il parle de trafic d’armes et d’opium, de communistes chinois.
Mais le 16 mai 1932, à Aden, un incendie se déclare à bord du navire. Albert Londres meurt coincé dans sa cabine. En savait-il trop ? Le couple, rescapé, meurt dans le crash de l’avion qui le ramène en France. Une coincidence…
Dernière photo connue
Shanghai - 1932
Le Prix Albert Londres
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